Strobist,  Studio,  Technique,  Tous les articles

Strobist Lighting 102 – Leçon n°2 – Taille apparente de la source de lumière

Voilà, c’est le troisième article de cette série Strobist (après l’introduction et la leçon n°1) ! Le but de cette leçon va être de comprendre ce qu’est une lumière dure/douce et comment faire pour faire varier la dureté de la lumière.

Lumière dure, lumière douce

Tout d’abord qu’est ce que c’est que cette histoire de lumière dure ou douce ?!? C’est assez simple, quand une source de lumière éclaire un sujet, elle va en éclairer certaines parties et en laisser d’autres dans l’ombre et c’est la zone de transition lumière/ombre qui détermine la dureté de la lumière. Si la transition est franche, on dira que la lumière est dure. Au contraire, si la transition est plus diffuse, on dira que la lumière est douce.

Une lumière plutôt dure à gauche qui colle assez bien à cette photo de mon papa et une lumière toute en douceur à droite pour un rendu tout doux.

Quand on commence à s’intéresser à la photo et notamment au portrait, c’est un concept qu’on rencontre assez rapidement et beaucoup vouent un culte à la lumière douce ! C’est évident que la lumière douce est une belle lumière qui enveloppe un sujet, qui masque les irrégularités de la peau mais la lumière dure est aussi très intéressante ! Selon les situations, la lumière dure apporte des détails et un contraste qui servent la photo et il ne faut donc pas (selon moi) se limiter à vouloir toujours une lumière douce coûte que coûte.

Taille apparente de la source de lumière

Je recommence avec cette expression un peu bizarre (taille apparente de la source de lumière) déjà utilisée dans le titre de cet article car c’est le paramètre qui va nous permettre de jouer sur la dureté de la lumière.

Le mot qui est très important dans cette expression, c’est « apparente » car ce n’est pas la taille physique de la source de lumière mais bien la taille vue par le sujet qui importe.

Pour prendre un exemple très simple, prenons comme source de lumière le soleil qui a un diamètre de 1 392 000 km. Sa taille (physique) est donc très grande mais vu de la terre, le soleil a une taille apparente beaucoup plus petite car il est trèèèès éloigné de nous (149 597 870 km).

La conséquence, c’est que lorsque le soleil éclaire un sujet par un ciel sans nuages (en direct donc), on obtient une lumière dure car la taille apparente de la source de lumière est petite.

Au contraire quand on a un ciel très nuageux, la lumière est douce car la lumière envoyée par le soleil est diffusée par les nuages et le ciel devient alors une source de lumière avec une taille apparente très grande.

Le schéma suivant résume d’ailleurs très bien la différence entre une lumière dure (en haut) et une lumière douce (en bas) ainsi que le « pourquoi » de cette différence c-à-d la taille apparente de la source (schéma tiré du blog d’Aaron D’Souza). Ce schéma est une représentation permettant de comprendre le pourquoi d’une lumière douce ou dure et il faut bien comprendre que les barres blanches sont des représentations de la taille apparente des sources. On peut imaginer que dans le premier cas on avait la même source de lumière que dans le second mais beaucoup plus éloignée (et donc une taille apparent plus petite).

Pour résumer, il faut bien comprendre que ce n’est pas la taille de la source de lumière qui importe mais bien la taille APPARENTE.

Faire varier la taille apparente de notre source de lumière

Si l’on part du principe que notre source de lumière est un flash cobra (Canon 580 Ex II dans mon cas), nous allons avoir 2 moyens qui vont nous permettre de modifier la taille apparente de notre source de lumière :

1 – La distance source/sujet

La première possibilité pour faire varier la taille apparente de notre source de lumière est de jouer sur la distance entre la source et le sujet. En effet comme pour dans le cas du soleil, plus la source sera éloignée du sujet, plus elle paraîtra petite et plus la lumière sera dure. Au contraire, si on rapproche la source du sujet on va rendre la lumière plus douce.

Il faut bien penser qu’en jouant sur ce paramètre, on va également influer sur la profondeur de champ de la lumière comme on l’a vu dans la leçon précédente ;-)

Je n’ai pas fait de photos pour cette partie car je n’avais pas trop d’espace dans la pièce où j’ai fais mes exercices :-D

2 – Les modeleurs

La seconde possibilité est d’utiliser un modeleur de lumière qui va modifier la taille apparente de notre source de lumière. On peut par exemple utiliser un parapluie transparent pour augmenter la taille apparente de notre source et avoir une lumière plus douce. Un snoot peut également être utilisé réduire la taille apparente de notre source et ainsi obtenir une lumière plus dure.

On peut voir ci-dessous la différence de rendu entre le flash nu à 105mm (puissance 1/16) et le même flash équipé d’un parapluie transparent (puissance 1/2). J’ai augmenté la puissance du flash pour garder la même exposition sur mon navet dans le second cas car la lumière éclaire une partie beaucoup plus large et est donc moins concentrée.

Au niveau du rendu global, on peut déjà remarquer que les détails/imperfections sur le corps du navet sont beaucoup plus visibles à gauche qu’à droite car les ombres sont plus dures et font donc ressortir les petits détails. On voit aussi qu’on passe assez rapidement de la lumière à l’ombre et que l’ombre est plus dense (côté droit du navet). Le rendu est plus contrasté sur l’image de gauche et beaucoup plus doux sur celle de droite. Comme je le disais plus haut, la lumière douce n’est pas la lumière parfaite en toutes circonstances. Dans ce cas précis, je préfère largement la lumière dure qui fait ressortir les détails.En plus, le navet ne viendra pas s’offusquer si les imperfections de sa peau sont visibles ;-)

J’ai fait un crop au niveau des feuilles pour bien visualiser la différence au niveau des ombres. On voit bien que dans l’image de droite la zone de transition entre lumière et ombre est douce par rapport à l’image de gauche.

Un phénomène auquel je n’avais pas fait attention au moment de la prise de vue, c’est qu’en utilisant le parapluie la lumière éclaire une zone beaucoup plus large (dont les murs de la pièce) et les ombres deviennent alors beaucoup moins denses à cause de la lumière réfléchie par les murs. Il aurait fallu que je place un tissu noir à droite de mon navet pour éviter ce phénomène et garder de la densité dans les ombres.

Outre les parapluies, snoots et autres accessoires de ce genre, il est aussi possible d’utiliser son environnement pour modeler la lumière. On peut diriger le flash vers un mur ou le plafond par exemple. Comme la plupart des flashs cobra ont un réglage du zoom qui permet d’avoir un cône de lumière qui sort du flash plus ou moins large, on peut du coup modifier assez simplement la taille du mur/plafond qui sera illuminée et donc la taille de notre source de lumière ! J’utilisais déjà cette technique de « bounce » (rebond) sur les murs ou sur le plafond en reportage mais je n’avais jamais pensé cela de cette manière. David Hobby a vraiment le don pour clarifier des choses qu’on pensait déjà claires :D

Le mix

On a donc ces 2 leviers à disposition pour faire varier la dureté de la lumière. Comme vous pouvez vous en douter, on peut mixer le tout pour avoir encore plus de flexibilité. Même avec un parapluie devant notre flash, le fait d’approcher ou d’éloigner le couple flash+parapluie du sujet va changer la dureté de la lumière.

Petite parenthèse : de ce point de vue là, le parapluie transparent est d’ailleurs beaucoup plus flexible à l’usage que le parapluie réfléchissant car vous pourrez l’approcher beaucoup plus de votre sujet et donc obtenir au besoin une source de lumière avec une taille apparente beaucoup plus grande.

Concernant la douceur ou la dureté de la lumière, c’est bien sûr assez subjectif mais David Hobby nous donne un petit ordre d’idée en estimant qu’une source de lumière sera douce si son diamètre est supérieur à la moitié de la distance qui la sépare du sujet. Si on prend l’exemple d’un flash cobra équipé d’un parapluie de 1m, il faudra que le sujet soit à moins de 2 mètres du parapluie pour obtenir une lumière douce. Ce n’est bien sûr qu’un ordre d’idée et ça reste variable d’un photographe a un autre et d’une situation à une autre !

En pratique

J’ai profité de cet exercice sur la dureté de la lumière pour faire une petite séance plus approfondie avec mon nouveau copain le navet (ainsi que son ami le brocoli…) :D Le but était bien sûr d’utiliser ce que j’avais appris jusque là (et même un peu plus). J’ai donc joué avec 2 flashs, un snoot, un gridspot et des gélatines créatives pour arriver à mes fins.

J’ai encore un peu de mal à prévisualiser le rendu qu’aura tel ou tel setup (position du flash, utilisation de tel ou tel modeleur…) mais j’ai par contre pas trop mal réussi à adapter mes réglages et mes sources pour arriver à ce que j’avais en tête.

Vous trouverez ci-dessous les photos des 3 légumes que j’ai photographié, un petit texte explicatif pour chacune des photos et également une petite vidéo qui regroupe toutes les photos que j’ai prises pour arriver à la photo finale.

Le navet

Je trouvais le contraste entre le violet du corps du navet et le vert de ses feuilles vraiment sympa. J’ai donc essayé de jouer là-dessus en reproduisant le violet sur le fond avec un flash dédié en mettant 2 gélatines colorées (une rouge et une bleue il me semble…) pour obtenir ce beau violet !

J’ai ensuite utilisé un second flash pour éclairer le navet. J’ai au départ commencé par un éclairage de côté (comme sur les photos test précédentes) mais je ne trouvais pas le résultat assez percutant. J’ai donc placé le flash à la verticale au dessus du navet avec un gridspot devant. Un gridspot, c’est un modeleur de lumière qui permet de restreindre la zone illuminée. J’ai fait le mien avec des pailles noires collées ensemble comme expliqué ici. Cela m’a permis d’avoir un éclairage plus dramatique et ces ombres au sol qui sont assez sympa !

Le brocoli

En mettant le brocoli sur le support, ça m’a tout de suite fait penser à un arbre. Du coup, j’ai essayé de donner un éclairage sympa sur le brocoli et utilisant une couleur jaune/orangée pour le fond pour simuler un coucher de soleil… Sur le côté droit, j’ai laissé apparaitre le bord du support qui fait penser au bord d’une falaise :D

Côté technique, j’avais un flash pour le fond comme précédemment avec deux gélatines superposées jaune et orange. pour l’éclairage principal, j’ai utilisé un second flash sur la gauche (avec un snoot pour éviter d’éclairer le fond) et un réflecteur du côté droit pour apporter un peu de détails dans les ombres sur le côté droit du brocoli.

Le potimarron

Mmmmmh le potimarron ! Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est vraiment excellent (un petit goût de châtaigne) notamment la recette qui va suivre ! Faites le cuire tout entier au four pendant 40 minutes, ensuite vous lui découpez la tête, enlevez les pépins, le fourrez avec un mélange de champignons de paris et d’échalotes préalablement poêlé, vous rajoutez de la crème fraîche et du fromage rapé, lui remettez son chapeau et après un nouveau petit tour au four de 10 minutes, c’est prêt !

Après ce petit intermède culinaire, revenons à nos photos :D Avec le même principe que les deux précédentes photos, j’avais un flash qui éclairait le fond avec une gélatine bleue et un autre flash un peu en arrière en haut à droite avec le gridspot. J’ai fait en sorte que la feuille qui sert de socle au potimarron joue le rôle de réflecteur pour déboucher la zone inférieure du légume.

C’est terminé pour aujourd’hui ! N’oubliez pas de vous abonner par email, flux RSS ou encore Facebook pour être averti de la publication de mes prochains articles ;-)

14 commentaires

  • Niko-Photo

    Intéressant et bien abordé :) Je te recontacterai d’ici qq mois pour un projet de documentation francais concernant le strobism si ca te dit (c’est au stade pré conception là lol).

    Keep Going ;)

  • laurent

    Une petite remarque. Le graphique avec les balles ne montre pas vraiment la notion de taille apparente. Il explique pourquoi l’ombre est plus « dégradée » lorsque la source est plus grande. (la lumière est moins directive)
    Pour mieux montrer la notion de taille apparente, il aurait été préférable d’avoir 2 traits blancs de même taille physique situés à des distances différentes des sphères afin de montrer que les angles varient et finalement donnent le résultat escompté au niveau de l’ombre. Car la, sur le dessin, c’est la taille PHYSIQUE qui change pas la taille apparente.
    suis-je clair ? :)

    • Guillaume Ménant

      Tout à fait, d’ailleurs quand j’explique ce schéma, je ne parle pas explicitement de taille apparente mais de différence entre lumière dure et lumière douce.

      En tous cas, je trouvais ce schéma intéressant car il montre pourquoi une lumière est douce ou dure en fonction de sa taille. Sur ce schéma, je considère plutôt les barres blanches comme des représentations de la taille apparente des sources. On aurait pu garder la grande barre dans les 2 exemples et la mettre beaucoup plus loin dans le premier cas, on aurait eu le même résultat mais c’est un peu moins facile à représenter :D

      Par contre c’est sûr que cela peut en troubler certains et je vais donc apporter quelques petites précisions à mon texte.

      Merci de ta visite et de ton commentaire !

    • Bertrand

      Bonjour,

      Pour la différence entre la lumière douce et dure et surtout sur les accésoires utilisé
      On parle alors de lumière diffu pour la lumière douce car elle à obligatoirement un materiel de diffusion qui se trouve entre la source et le modele ou objet.
      plus le materiel de diffusion et loin de la source plus la lumière sera douce.
      dans la liste ont retrouve le parapluie, la softbox.
      ne pas mélanger avec lumière distante qui n’est pas obligatoirement une lumière douce.

      Cordialement,

Répondre à Niko-Photo Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *